12 Years a Slave, réalisé par Steve McQueen, avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch, Paul Dano (2h13min)
Synopsis
Les Etats-Unis, dans les années 1840. Solomon Northup est un homme noir libre, jusqu'au jour où il est kidnappé et donné pour esclave. S'en suit alors un long combat de 12 ans pour la survie.
Synopsis
Les Etats-Unis, dans les années 1840. Solomon Northup est un homme noir libre, jusqu'au jour où il est kidnappé et donné pour esclave. S'en suit alors un long combat de 12 ans pour la survie.
Critique
Après avoir signé les percutants - et non moins excellents - Hunger et Shame, Steeve McQueen (II) rempile derrière la caméra en délaissant l'obscénité et l'addiction sexuelle pour s'intéresser cette-fois ci à un thème qui lui est particulièrement cher : l'esclavage. Le sujet n'est pas des plus aisés à retranscrire à l'écran tant il peut rapidement s'avérer bancal, notamment à travers un parti pris trop prononcé ou une overdose de pathos. Le dernier crû du cinéaste a pourtant énormément fait dégoiser dans la sphère cinéphilique, ne manquant pas de soulever un véritable engouement général confirmé par plusieurs lauréats dont les prestigieux Oscar du meilleur film ou Golden Globe du meilleur film dramatique. Malgré tout la question demeure légitime : tant de louages sont-elles réellement méritées ? Comme nous le savons tous, les festivals sont friands des films dramatiques tire-larmes et plus d'une fois les films récompensés se sont révélés surestimés. Finalement quel est le verdict ? Soyons francs : Steeve McQueen (II) est un réalisateur à suivre, et avec la plus grande des attentions même.
12 Years a Slave, retraçant l'incroyable - et supposée vraie - histoire de Solomon Northup, est une oeuvre forte et poignante. Le réalisateur de Shame explore ici le thème de l'esclavage d'une manière à la fois innovante et troublante de réalisme, et n'hésite pas jouer sur les longueurs de certaines scènes de torture, à tel point que certaines sont à la limite du supportable. La réalisation est impeccable, certains plans sont juste à couper le souffle, et la bande originale nous donne des frissons. Le casting, quant à lui, est très solide, avec des acteurs immergés dans leur rôle, mention spéciale à C. Ejiofor, incroyablement émouvant, et M. Fassbender, monstre sadique plus vrai que nature.
Mais le véritable atout du film réside dans sa manière exhaustive d'explorer le sujet si sensible de l'esclavage, du calvaire inhumain vécu par les Noirs dans les plantations, à la corrosion de la solidarité du peuple Africain, au profit de l'instinct de survie. 12 Years a Slave distille la question de l'éthique liée à l'esclavage, en nous montrant comment cette dure période à divisé les deux peuples, Noirs et Blancs, créant des monstres certes, mais détruisant également des âmes des deux bords. Outre la persécution morale et physique des Noirs, les Blancs, du propriétaire de la plantation au surveillant d'esclaves, doivent soutenir chaque jour que Dieu fait leur reflet abject dans le miroir, se convaincant comme ils peuvent, chacun à leur manière (du déni au whisky), que ce qu'ils font sert une noble cause.
Malheureusement, tant de qualités se voient atténuées par quelques maladresses, dont notamment l'absence totale d'un quelconque repère spatio-temporel. On ne sait jamais trop dans quel endroit du continent Américain le protagoniste se situe, ni combien de temps ses divers calvaires durent, hormis que le film balaie 12 ans d'esclavage. De plus, l'aspect physique de Solomon Northup ne se dégradant pas ou peu au cours de son esclavage, le film perd un peu en crédibilité et renforce le besoin d'un repère spatio-temporel pour le spectateur. Au final, S. McQueen nous livre une oeuvre puissante et profonde mais pêchant par certains côtés, privant de peu 12 Years a Slave du statut de chef-d'oeuvre.
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