The Homesman, réalisé par Tommy Lee Jones, avec Hilary Swank, Tommy Lee Jones, Grace Gummer, Meryl Streep, Miranda Otto (2h02min)
Synopsis
Lors des prémices de la conquête de l’Ouest, Mary Bee Cuddy, fermière indépendante du Nebraska, est chargée de ramener trois jeunes femmes mariées ayant perdu la raison dans l’Iowa. Durant son périple, elle sauvera la vie d’un mystérieux vagabond qui lui fournira son aide en échange...
La critique de Mattou
Pourquoi se rendre en salle voir le second film de l’encore
juvénile réalisateur et scénariste M. Jones. Près de dix ans après son Trois Enterrements sorti en
2005, Tommy Lee revient sur le devant de la scène cannoise, une fois de plus
derrière la caméra, pour un nouveau western frais et mélancolique. Tout ce
que l'on peut dire, c’est que la satisfaction est bien réelle. À peine le film
entamé, nos yeux se rivent d’emblée devant les somptueux et doux paysages
formant cet éblouissant tableau d’époque malicieusement reconstitué. C’est
vraisemblablement l’un des atouts majeurs du long-métrage. Le cinéaste sait
parfaitement bien où et comment placer son objectif. À chaque plan, la
photographie est tellement superbe que c’est à se demander si des
images de synthèse n’y ont pas été parfois incorporées.
Mary Bee, jouée par une excellente Hilary Swank dont les
traits de visage restent décidément ancrés dans nos têtes, se révèle être une
femme rude et désespérée des hommes, ne croyant plus qu’à un amour divin et non
humain. C’est en ayant égaré tout espoir qu’elle se plonge dans sa quête,
hantée par un trop-plein d’amertume mais également de compassion. Curieusement,
on éprouve de la pitié envers cette demoiselle trentenaire qui n’a toujours pas
de mari et est en parfaite santé, tandis que les jeunes femmes composant son
fardeau sont mariées et bel et bien aliénées. Quelle ingénieuse et
délicate ironie du sort. Tommy Lee Jones apparaît peu après à l’écran, sale et
crasseux, interprétant un personnage faible et quelque peu grotesque, ce qui
semble bizarrement paradoxal avec la suite du film où le nouvel héros en
question, répondant au nom de Georges Briggs, paraîtra au contraire bien plus fort et glorieux, et notamment plus classe, ayant le rôle toujours plaisant du bon
vieux loup expérimenté du Far West.
Le lien qui unit les deux personnages moteurs devient on ne
peut plus spécial au cours de l’interminable voyage, et laisse quelquefois
place à des retournements de situation tout à fait improbables qui émeuvent
sans aucun doute le spectateur. Tommy Lee nous rappelle également que dans un
monde où la loi n’est plus maître de quoi que ce soit et où même le pouvoir
financier a du mal à se faire respecter, il ne reste plus que la foi aux
hommes. De là découle la quintessence du film, se résolvant dans une subtile
mysticité, et l’on se demande tant bien que mal si la personne de Briggs n’est
finalement pas un émissaire venu d’ailleurs, une sorte de guide pour ainsi
dire, animé par une volonté profonde et morale de venir en aide aux “brebis” de
Dieu, quand toute once d’humanité a disparu sur terre.
Au final, les deux heures passent très vite et l’on est
marqué par un dégoût de plus en plus prononcé au fil des péripéties, grâce à une réalisation réussie et admirable. Une appétissante production Besson en
somme. Le western finit par ne plus avoir aucun secret pour M. Jones.
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