dimanche 12 octobre 2014

Gone Girl, de David Fincher (2014)

Gone Girl, réalisé par David Fincher, avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris (2h29min)

Synopsis

Le jour du cinquième anniversaire de son mariage, Nick Dunne trouve le salon sens dessus dessous. S'apercevant que sa femme a disparu, il alerte la police. Pression des forces de l'ordre, spéculation des médias, mensonges et comportement étrange de Nick, tout semble désigner le mari comme le parfait meurtrier, amenant l'Amérique à se poser une unique question : a-t-il assassiné sa femme ?

La critique de Mickey

Après nous avoir livré quelques thrillers noirs parmi les meilleurs jamais réalisés, on pense à Seven, Zodiac ou encore le plus récent Millenium : Les Hommes qui n’Aimaient pas les Femmes, David Fincher continue avec ce registre qui lui sied tant en adaptant le roman de Gillian Flynn, Les Apparences (que les fans du livre se rassurent, le film respecte à la perfection l'œuvre maîtresse). Comme à chacun de ses nouveaux films, l'attente était palpable dans le monde de la cinéphilie. Le réalisateur allait-il à nouveau signer un thriller implacable, sombre, dédaléen et magistralement orchestré comme à son habitude ? Fort d'une filmographie exemplaire sans réel faux pas, la question était légitime. La réponse ? Levons le voile de suite : Fincher nous prouve à nouveau qu'il demeure un des maîtres incontestés du thriller. Explications.

Au premier abord, sa durée peut en rebuter plus d'un : pas loin de 2h30 pour un thriller, la crainte de l'ennui est légitime. Il n'en est rien. Fincher nous prouve à nouveau qu'il est l'un des rares à savoir manipuler et tenir en haleine le spectateur pendant plus de 2h sans aucun temps mort. Bien évidemment, la puissance scénaristique du roman n'y est pas étrangère. Palpitant de bout en bout grâce à un montage absolument magistral en plus d'être habile et d'une mise en scène ultra-léchée et virtuose, le réalisateur exhibe tout son talent de chef d'orchestre marionnettiste. Le spectateur - pour peu qu'il n'ait pas lu le livre - se laisse naïvement mener par ce thriller dédaléen, à la fois brillant et intense, semé de retournements de situation tous plus intenses les uns que les autres. On pense notamment à la fameuse - et seule - scène sanglante du film, véritable uppercut émotionnel. Mais Fincher prouve surtout avec son dernier long-métrage qu'il a un talent inouï pour adapter une œuvre immensément complexe de par sa construction narrative, distillant uniquement les points forts du roman et s'émancipant des longueurs superflues.

Outre la mise en scène et le montage dantesques, dont la froideur et le côté trop propret et parfait peuvent en rebuter plus d'un - comme à l'inverse ravir les autres - Gone Girl brille par son casting. Encore une fois, le cinéaste fait preuve d'une remarquable minutie dans ses choix. Ben Affleck démontre une fois de plus son charisme renversant en livrant une prestation magistrale du mari suspect et ambigu et l'exquise Rosamund Pike, qui trouve enfin un rôle à sa hauteur, ne se contente pas de vivre son personnage complexe de mante religieuse délicieusement fatale, elle le subjugue à merveille offrant une performance au sommet. Mais le film ne se contente pas simplement d'exposer un casting de premier plan de choix, il dévoile des seconds rôles absolument impeccables et bluffants de justesse. Quant à la bande originale, elle s'accorde à la perfection avec l'ambiance froide et palpable du thriller made in Fincher, alternant les mélodies envoûtantes et angoissantes. Enfin, le cinéaste prend un malin plaisir à exhiber avec une noirceur des plus frappantes les vices et revers du couple, les dérives d'une société manipulée par des médias tous plus abrutissants les uns que les autres ou encore les limites d'une juridiction loin d'être aboutie. Vous l'aurez compris, comme à son habitude Fincher dépeint une humanité noire et froide.

Au final, Gone Girl ne se contente pas de tenir ses promesses, il prouve à quel point le réalisateur est un des plus grands de sa génération en plus d'être un des maîtres incontestés du thriller froid et dédaléen. A la fois glacial, labyrinthique, maîtrisé avec virtuosité de bout en bout et intelligent, Gone Girl se hisse aisément au rang des références du genre, rejoignant ses grands frères Seven ou Zodiac. En ressortant de la projection une pensée hante nos esprits : à quand le prochain thriller signé Fincher ?

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