It Follows, réalisé par David Robert Mitchell, avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Jake Weary, Olivia Luccardi, Daniel Zovatto (01h40min)
Synopsis
Jay est une jeune adulte on ne peut plus normale. Mais sa vie va connaître un tournant dramatique après une relation sexuelle avec son petit ami Hugh qui semble lui avoir transmis une étrange maladie. En effet, Jay ne cesse depuis lors d'être la victime de visions étranges au cours desquelles une entité abstraite la poursuit, sans répit. Obsédée par cette incarnation perverse, Jay va tenter, avec l'aide de ses amis, de percer le mystère qui se cache derrière cette menace.
La critique de Boschomy
Ces derniers temps sont quelque peu maussades dans les contrées horrifiques. Á défaut de véritables nouveautés, les cinéphiles amateurs du genre doivent se contenter de quelques miettes affamantes ([REC 4], La Dame en Noir 2...) qui auront bien du mal à éponger leur soif de sensations nouvelles. Mais voilà que débarque l'illustre inconnu David Robert Mitchell (auteur du très rare The Myth of the American Sleepover) et sa nouvelle production indépendante sobrement intitulée It Follows, lauréate du Grand prix du jury du Festival du film fantastique de Gérardmer. Mais que peut donc apporter ce petit objet énigmatique qui s'est tout de suite attiré les éloges de la critique ? Rien de moins qu'un revival inespéré dans un registre sclérosé à l'extrême.

La teinte de drame horrifique dont It Follows se réclame assez largement, trouve son incarnation dans une atmosphère désenchantée, justement empreinte de la teneur sociologique et psychologique dont le métrage se revendique. Les attardements de Mitchell, sa minutie scénique, traduisent l'angoisse qui plane sans cesse sur un univers sinueux, très souvent mélancolique et de mauvais augure. Il n'en reste pas moins que It Follows repose sur un climax déroutant ultra-efficace, très similaire à Carpenter dans sa manière d'appréhender la terreur purement suggérée, ce qui ne l'empêche pas de lorgner tout aussi habilement sur les terres d'un Cronenberg (Frissons, notamment). Quand l'inéluctable se mélange à ce pouvoir de suggestion, le résultat fait forcément son petit effet : le chemin le long duquel le spectateur évolue n'est autre qu'un sentier dépressif morbide dont il ne saurait dévier, le même qui fait passer Jay de l'état d'insouciance à celui de frayeur permanente.
Si la tension est aussi stridente c'est également parce que les procédés techniques de Mitchell contribuent à l'entretenir, des vues subjectives serrées aux plans larges contemplatifs, sans oublier une direction artistique soignée qui imprime instantanément un esthétisme singulier. L'univers est limpide, la mise en scène jamais en déséquilibre. Enfin, une grande partie de l'unité du film est imputable à la BO anxiogène de Disasterpeace, qui renvoie aux inspirations musicales d'un Carpenter, qui savait tout aussi bien faire de la bande-sonore une entité propre à ses films.


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire