No Country for Old Men - Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, réalisé par Joel et Ethan Coen, avec Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin (2h02min)
Synopsis
Llewelyn Moss rentre de la chasse lorsqu'il tombe sur le lieu d'un massacre en plein désert. Seul un Mexicain a survécu, agonisant. Llewelyn s'empare alors d'une mallette pleine d'argent. Pris de remords, il retourne dans le désert porter assistance au Mexicain. Commence alors une chasse à l'homme...
La critique de Powell
C'est une voix d'homme qui résonne dès les premières secondes du film. La voix d'un vieil homme. Tommy Lee Jones, contant la vie des shérifs d'antan, quand certains pouvaient se passer d'une arme. Dès l'ouverture du film, le décor est planté. Paysages désertiques à perte de vue, shérifs... le mythe de l'ouest américain semble renaître sous nos yeux. Il faut dire qu'en la matière, les frères Coen ne sont pas des novices, ils savent que l'Amérique s'est en partie construite sous les balles de fusils, et le mettent en application. Les cadavres pleuvent. Les frères Coen reviennent à leur premier amour, le Texas, sur les lieux où était né leur cinéma 24 ans auparavant, avec Blood Simple. Ils adaptent ici un roman de Cormac McCarthy (à qui l'on doit notamment La Route), autre fanatique de l'Ouest américain (il suffit de lire quelques pages de Méridien de Sang pour s'en convaincre), et signent un film d'une noirceur inouïe.
Comme toujours chez les Coen, il y a un looser : ici Llewelyn (Josh Brolin), chanceux de trouver une somme colossale dans une mallette, qui gâche tout en retournant sur les lieux du crime et en se faisant traquer par des tueurs en tout genre. Parmi ces tueurs, il y a Anton Chigurh, tout de noir vêtu, coiffé de façon improbable et tuant ses victimes avec une espèce d'appareil pour abattre les bovins. Anton, c'est Javier Bardem, possédé dans son regard, dans son attitude, son sourire. Il est là, crève l'écran à chaque instant, telle une malédiction dont on ne peut se défaire. Avec ce rôle, l'acteur espagnol entre au panthéon des plus grands méchants de l'histoire du cinéma. Terrifiant. Et il y a le vieil homme, celui du début, à la voix traînante. Le vieux shérif qui ne sait plus pourquoi il est là.
No Country For Old Men est un film extrêmement violent. Mais progressivement, cette violence laisse place à la contemplation, à la nostalgie, celle du vieil homme qui ne comprend plus la violence, qui ne comprend plus ses pairs. Il est lui aussi hanté, par sa vie, par la perte. Tommy Lee Jones, vieux shérif, laisse alors de côté l'enquête. Il sait que ce pays n'est plus pour lui.
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