Le Dahlia Noir, réalisé par Brian De Palma, avec Josh Hartnett, Aaron Eckhart, Scarlett Johansson, Hilary Swank (2h00min)
Synopsis
Dans les années 1940, à Los Angeles, deux inspecteurs, Bucky et Lee, enquêtent sur le meurtre sauvage d'Elizabeth Short, une jeune femme qui voulait percer dans le milieu hollywoodien. Derrière une enquête qui semble comme toutes les autres se dessine une machination bien plus obscure, mêlant amour, sadisme, rivalités et rédemption, véritable plongée dans l'envers du paradis hollywoodien, à laquelle les deux acolytes n'étaient pas préparés...
La critique de Boschomy
Quatre longues années après un Femme Fatale en demi-teinte, Brian De Palma entreprend l'adaptation du roman colossal The Black Dahlia de James Ellroy, inspiré de l'affaire du même nom. Au menu, une sombre affaire de meurtre dans l'univers d'Hollywood - baignée dans l'atmosphère grisante du film-noir - remise au goût du jour. Il s'agit d'un exercice plus délicat qu'il n'y paraît pour De Palma : entre une appropriation stylistique toujours affirmée et un récit très alambiqué, le cinéaste accouche d'une œuvre torturée et difficilement qualifiable.

Ce portrait artistique ne saurait cependant combler une lacune majeure du Dahlia Noir : son intrigue presque incompréhensible. Si le film noir a toujours nécessité un certain effort intellectuel pour démêler le vrai du faux, on se retrouve ici en la présence d'un méli-mélo narratif insondable, ou du moins, à un storytelling très maladroit qui ne semble jamais mettre l'emphase au bon endroit, la faute peut-être au roman de James Ellroy, extrêmement difficile à adapter en à peine deux heures. A force de nombreuses apartés, de scénarios dans le scénario, d'une multitude de personnages et de mobiles, tout devient vite insipide. La dernière demi-heure est particulièrement éprouvante et s'impose comme un énorme bloc à déchiffrer à l'aune de l'heure et demie qui la précède, un exercice exigeant que De Palma peine à rendre agréable ou même ludique.
C'est vraiment dommage car les envolées virtuoses ne manquent pas dans Le Dahlia Noir, à l'instar de la scène de l'atrium, véritable escalade de tension. Mais c'est peut-être finalement cette difficulté à concilier ses aspirations artistiques très esthétiques et une intrigue plus calleuse que De Palma ne parvient jamais à surmonter, comme s'il y avait une dissension permanente entre ce que le réalisateur veut exprimer et la façon dont il exprime. Le puzzle est trop dur à reconstituer, parce que le spectateur ne trouve jamais ce point d'appui qui lui permet de progressivement s'élancer dans le récit. Il manque au film cette étincelle qui briserait son invincible armure, autour de laquelle gravite un De Palma pourtant toujours aussi à l'aise dans l'exercice de représentation.

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