jeudi 2 octobre 2014

Le Vent se Lève, de Ken Loach (2006)

Le Vent se Lève, réalisé par Ken Loach, avec Cillian Murphy, Liam Cunningham (2h04min)

Synopsis

1920, la guerre civile fait rage en Irlande. Les "Black and Tans", troupes anglaises, sont envoyées par bateau jusqu'en Irlande pour combattre les indépendantistes. Damien, alors jeune médecin, abandonne sa carrière pour rejoindre l'armée indépendante et son frère Teddy... 

La critique de Powell

2006 est l'année du dernier grand film palmé à Cannes : Le Vent se Lève, signé du plus politique des cinéastes Britanniques, Ken Loach. Il fut longtemps catégorisé (et pas forcément à tort) comme un justicier, réalisateur défenseur des faibles et des opprimés, à la limite du manichéisme. Mais avec ce film, Loach semble avoir compris que la lutte ne se limite pas à un combat du bien contre le mal. Défendre une cause, aussi noble soit-elle, implique parfois des sacrifices, et des actes regrettables. C'est la principale problématique du film. Bien sûr, il est de notoriété publique que le réalisateur est plutôt marxiste, mais ici, cela n'a pas son importance.

Il y a un seul point commun avec Land and Freedom (autre grand film du monsieur) : l'idée qu'une révolution socialiste est possible et qu'elle peut aboutir. Mais le réalisateur a mûri. Ken Loach filme les deux camps ennemis avec compassion. Certes, il s'attache plus à l'histoire de Damien et Teddy, membres importants de l'IRA, mais jamais il ne laisse planer de préférence pour tel et tel camp. C'est cette distance entre la caméra et l'histoire qui permet à Ken Loach de mener à bien son film sans prendre parti. Le Vent se Lève est une fresque dans tous les sens du terme. Le film dure plus de deux heures, alternant entre des scènes intimistes et d'autres plus spectaculaires : des embuscades, des scènes de victoires, de liesse...
Ken Loach réussit à créer un contraste fort entre la froideur du propos et la chaleur de l'Irlande. Les nombreux panoramas (sublimes) sur la nature irlandaise mettent en rage. Comment peut-on se massacrer sur une si belle terre ? Les Irlandais, bien que défendant une noble cause, ne sont pas si différents des anglais. Ils se battent, tuent... Le film est porté par un Cillian Murphy immense. Il s'impose comme l'un des plus talentueux de sa génération. Il incarne Damien comme s'il était Damien et il ne se passe pas un seul instant sans que l'on croie à son histoire.

Chaque seconde de ce film est mûrement réfléchie. Et Ken Loach ne nous épargne pas. Il va même jusqu'à nous montrer ses personnages se faire torturer. L'Irlande est dans le chapitre le plus sombre de son histoire. Et comme un symbole, ce sont les vers de William Blake qui émergent du fond d'une cellule : "I went to the garden of love, and saw what i never had seen...". Le film plonge alors dans une profonde nostalgie. Le combat pour la liberté n'aboutira pas. Du moins, pas encore.

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