Année assez étrange que cette année 2014. Succédant à une
année 2013 plutôt riche et joyeusement hétérogène quant à la représentation des
registres, 2014 s'annonce comme une année ambiguë : ce genre d'année qui
apporte son lot d’œuvres réussies, mais qui désespère d'élire son chef-d’œuvre.
Alors que le projecteur est déjà tourné sur une année 2015 qui s'annonce tout
bonnement folle en termes de sorties, on aurait tendance à minorer l'importance
d'une année 2014 qui a certes vu défiler de prestigieux noms du cinéma, mais
qui n'a pas comblé les espérances qu'on lui octroyait.
Paradoxalement, on a pu voir un nombre conséquent de films de bonne qualité, voire de très bonne qualité, mais sans jamais apercevoir l'excellence escomptée. 2014 ne fut donc pas tant une mauvaise année qu'une année banale, solide, mais sans éclat. Une année sans solide leadership, si l'on veut, ce que pourrait traduire l'actuelle indécision régnant autour de la prochaine course aux Oscars. Un constat qui ne doit cependant pas nous faire bouder les nombreuses réalisations qui ont germé aux quatre coins de la sphère cinématographique, bien au contraire. Aussi décevante qu'elle a pu être, 2014 n'en demeure pas moins aussi prégnante que ses prédécesseurs. Petite rétrospective de cette "année zéro" du cinéma.
Paradoxalement, on a pu voir un nombre conséquent de films de bonne qualité, voire de très bonne qualité, mais sans jamais apercevoir l'excellence escomptée. 2014 ne fut donc pas tant une mauvaise année qu'une année banale, solide, mais sans éclat. Une année sans solide leadership, si l'on veut, ce que pourrait traduire l'actuelle indécision régnant autour de la prochaine course aux Oscars. Un constat qui ne doit cependant pas nous faire bouder les nombreuses réalisations qui ont germé aux quatre coins de la sphère cinématographique, bien au contraire. Aussi décevante qu'elle a pu être, 2014 n'en demeure pas moins aussi prégnante que ses prédécesseurs. Petite rétrospective de cette "année zéro" du cinéma.
Numéro 1 : La Grande Aventure Lego
Accorder la première place à La Grande Aventure Lego
peut apparaître comme une provocation. Il n'en est rien. Enfin, pas tout à fait.
Peut-être que d'autres films de ce classement mériteraient davantage la
première place, mais, au cœur d'une année très avare en surprises, la claque
inventive assénée par Phil Lord et Chris Miller mérite sa pole position.
L'audace du projet, autant que son architecture fourmillante de références
artistiques, en font le film d'animation le plus prolifique de ces dernières
années. Captivant d'un bout à l'autre, notamment en s'affranchissant du schéma
classique de déroulement des péripéties, sans cesse dans le second degré et
visuellement bluffant (même si un peu rapide), La Grande Aventure Lego
est une surprise à laquelle on ne s'attendait vraiment pas, ce qui en fait une
surprise encore plus délectable. Everything is awesome !
Première excursion dans l'espace (très) réussie pour
Christoper Nolan. Dans les traces de 2001 : L'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick,
mais également dans celles d'un Tarkovski et de son Solaris, le
réalisateur de la trilogie Batman rénove pour la première fois de
manière significative son cinéma. Au-delà de scènes visuellement
impressionnantes et d'un effort de reconstitution certain, Interstellar est
surtout un film croisement entre une certaine emprise irréelle, qui lui confère
une aura déstabilisante, et de véritables spéculations cartésiennes qui en font
un des films d'exploration spatiale les plus rationalisés qui soient. Si, pour
des besoins que l'on imagine scénaristiques, le film se complaît à boucler la
boucle, il n'en demeure pas moins mystique par de nombreux aspects. Cette
polyvalence en fait un film dense et incommensurable, que l'on se plaira à
visionner et à décortiquer plusieurs fois. Une très grande pièce sur la galaxie
spatiale et sur les défis du progrès humain. Et surtout une démonstration de la
capacité de Nolan à élargir les horizons de son cinéma.
Numéro 3 : Gone Girl
Le grand retour de Fincher. Peut-être pas aussi grand qu'on
l'aurait souhaité certes, mais un retour qui ne manque pas de renverser une
bonne partie de la concurrence cette année. Empruntant toujours à la pudeur
formelle de ses précédents thrillers, mais tout en s'enquérant du registre de
la comédie (ce qui ne va pas sans provoquer quelques étranges digressions
difficiles à justifier), Fincher effectue une radiographie saisissante du
couple moderne imbriqué dans une société orgueilleuse dopée au culte du moi. La
fascination qu'il exerce (à l'instar de cette scène finale stridente) est
boostée par l’envergure de sa réalisation et la précision de son montage.
Affleck est excellent en bouc-émissaire malgré lui, Rosamund Pike atteint quant
à elle la perfection. Une brillante adaptation, occasion pour Fincher de
montrer que derrière le narrateur à suspense hors-pair se cache un judicieux
conteur de mœurs.
Numéro 4 : Enemy
Villeneuve s'éloigne des canons sombres de Prisoners
pour adapter l'intrigant roman de José Saramago, pourtant difficilement
adaptable. Il en ressort néanmoins un audacieux film-mystère (au sein plein du
terme), qui met à profit la composition étonnante de Jake Gyllenhaal,
décidément incontournable cette année. Complexe et aux multiples niveaux de
lecture, Enemy n'en reste pas moins captivant, notamment de par la
capacité de Villeneuve à se muer en aquarelliste de l'espace et en ornemaniste
des émotions. Le talent du réalisateur canadien vient compenser les éventuelles
irrégularités de son récit. Pour de plus amples justifications, voir la critique complète.
Numéro 5 : Les Gardiens de la Galaxie
Grosse surprise que ce blockbuster massif sorti des studios
Marvel. Sur un ton complètement loufoque et décomplexé, Les Gardiens de la
Galaxie se révèle comme un divertissement rafraîchissant, au demeurant
ponctué de quelques grands morceaux de bravoure. Comme un enfant capricieux
mais habile, James Gunn construit son "space-opera" en total décalage avec
la rigueur des codes actuels, ponctuant son univers de références geek et de
scènes d'action spectaculaires. Ovni du genre.
Numéro 6 : Night Call
Pour son premier long-métrage, Gilroy nous embarque dans un
itinéraire glauque en compagnie de l'obsédant Lou Bloom, apprenti journaliste
féru de faits divers sordides. Dans une tonalité qui peut faire penser au clivant
Drive, Nightcall s'impose comme une incursion magnétique dans les
fantasmes inavoués de la société spectacle, au travers d'un protagoniste
antihéros jouissif, incarné par un Gyllenhaal en bonne voie pour obtenir la
consécration suprême. La critique intégrale ici.
Numéro 7 : Boyhood
Projet étalé sur douze longues années, Boyhood est
l'itinéraire de jeunesse de Mason, de sa petite enfance jusqu'à son entrée dans
le monde adulte. Se présentant comme un "feel-good movie", la réalisation
de Linklater est en réalité beaucoup plus, une véritable épopée émotionnelle
sur le temps qui passe, sur les espoirs et les vertiges de la vie. Formellement
réussi, le film ne s'enquiert d'aucun message pompeux, d'aucune bifurcation
fictionnelle inopportune, et fait preuve d'une authenticité rare. On en ressort
émerveillé, avec une seule envie : croquer la vie à pleine dent.
Numéro 8 : Captain America : Le Soldat de l'Hiver
Quelle surprise que cette seconde offrande des aventures du
Capitaine America ! Après un volet initial vraiment pénible et
poussiéreux, on se retrouve en la présence d'un film de super-héros qui se
place intelligemment à la lisière du thriller politique. Prenant un ton plus
sombre (revêtant l'allure plus "mature" chère aux films de super-héros depuis
peu), prenant aussi le temps de mieux construire sa trame narrative, sans céder
aux gribouillis (trop) spectaculaires, cette sequel fait même plus que remplir
son cahier des charges: il s'agit d'un des meilleurs Marvel sur le marché. Rien
que ça.
Numéro 9 : The Raid 2
Après un premier opus détonnant, explosion d'action et
effusion de chorégraphies fantasques, on avait de quoi craindre pour Gareth
Evans. Pourtant, The Raid 2 s'inscrit au niveau de son aîné, ni plus ni
moins. Si, en tout logique, on perd l'effet de surprise, on gagne cependant un
scénario un peu plus épais et un effort tout particulier consenti sur la mise
en scène, quasi-théâtrale. Le show s'étale sur 150 minutes mais fait preuve
d'une endurance suffisante pour nous tenir en haleine jusqu'au bout. Le film
d'action le plus dévastateur de l'année.
Numéro 10 : 12 Years a Slave
Lauréat de la dernière cérémonie des Oscars, 12 Years A
Slave s'annonçait comme une énième représentation pesante sur les ravages
de l'esclavage dans l'Amérique ségrégationniste. Il n'en est rien. Si McQueen
n'évite pas l'écueil d'un certain académisme léché et précieux (le même qui
rapporte souvent de jolies statuettes), il parvient à surmonter tous les
clivages et obstacles supposés par son sujet. McQueen révèle également la
talentueuse Lupita Nyong'o et confirme la forme actuelle d'un Fassbender
métamorphosé. Classique mais puissant, ce 12 Years A Slave consacre le
talent d'un réalisateur à suivre.
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