Magnolia, réalisé par Paul Thomas Anderson, avec Tom
Cruise, Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman (3h04min)
Synopsis
Destins croisés de neuf personnages...
La critique de Powell
Quelques
années avant Magnolia, Robert Altman réalisait Short Cuts qui
lança la mode des films chorals, aujourd'hui légion. Magnolia fait partie de ces films qui ont pour particularité de livrer plusieurs
histoires, se rejoignant au fur et à mesure que le film progresse. En 1999, Paul Thomas Anderson a 29 ans, deux longs métrages à
son actif, dont Boogie Nights, succès critique retentissant. Le jeune réalisateur est donc attendu au tournant par le monde entier. C'est
l'heure de la confirmation, la question étant : s'imposera-t-il comme le
cinéaste le plus doué de sa génération ?
Il ne faut
pas plus de vingt minutes au jeune homme pour répondre à la question. Oui. Après une scène d'introduction remarquable d'inventivité, le
film débute, et trois heures durant, fascine. Nous suivons les histoires de neuf personnages dans une ville plongée presque
en permanence sous la pluie, détail qui aura son importance, tout comme chaque
autre petit indice dispersé partout dans le film et aidant à comprendre les liens
entre les personnages. Chaque protagoniste du récit est interprété à la perfection, Tom Cruise en tête
de file, tenant sans aucun doute son plus grand rôle. Le jeune cinéaste maîtrise son film de A à Z. La caméra
étant, à chaque scène, placée à l'endroit parfait, chaque image, chaque
mouvement étant millimétré, le tout sans jamais tomber dans une réalisation
froide, chirurgicale. A 29 ans, Anderson rejoint le firmament du cinéma. Le terme "chef d'oeuvre" semble avoir été conçu spécialement pour son film.
Toute la maestria de Magnolia réside dans le dénouement
final, pas tant d'un point de vue scénaristique, mais plutôt dans la puissance
émotionnelle dégagée par le film. Toute la réflexion du réalisateur sur le deuil et l'auto-destruction prend
corps à partir du moment où les grenouilles pleuvent sur la ville, causant
parfois la mort, telles les plaies d'Egyptes. Alors certes, cette pluie de batraciens est peut-être un
artifice gros comme une maison, qui aurait échoué 99 fois sur 100, mais Paul
Thomas Anderson est de la trempe des plus grands, de ces réalisateurs qui
savent tout faire passer, qui savent nous tirer les larmes sans insister sur le
pathos, mais simplement en captant de petits instants de vie, ces vies
minuscules qui souvent s'entrechoquent mais qui ne peuvent subsister les unes
sans les autres.
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