mardi 20 mai 2014

Pour une Poignée de Dollars, de Sergio Leone (1964)

Pour une Poignée de Dollars, réalisé par Sergio Leone, avec Clint Eastwood, Gian Maria Volonte, Marianne Koch (1h35min)

Synopsis

Dans une petite ville non loin de la frontière américano-mexicaine, les Baxter et les Rojo, deux clans despotiques se disputant le monopole du pouvoir, se retrouvent face à l’arrivée d’un mystérieux étranger qui va bouleverser l’ordre établi...

La critique de Mattou

Que dire du tout premier western réalisé par l’homme qui flanqua un gros coup de massue sur les normes de ce genre cinématographique ? Lorsque Ford s’approche de la fin de sa carrière et qu’il sort Les Cheyennes la même année, un nouvel individu fait son apparition sur le devant de la scène et marquera à jamais l’histoire du cinéma. Si par ailleurs il s’agit là d’un remake du Yojimbo de Kurosawa, Pour une poignée de dollars figure parmi les œuvres magistrales du réalisateur italien. Monsieur Sergio Leone, avec un budget avoisinant seulement les 200 000 $ (montant du trésor convoité dans Le Bon, la Brute et le Truand) et des producteurs ne le prenant en aucun cas au sérieux, réalise le tout premier volet de sa Trilogie du Dollar en imposant sa propre loi. Et même si l’on y trouve quelques longueurs par moments, le film demeure toujours aussi frais de nos jours. Pourquoi ? Parce qu’un nouveau style est né, empruntant de nombreux éléments au western classique et aux grosses productions américaines de l’époque (Leone fut énormément influencé par Ford). C’est l’éclosion du western spaghetti.

Dès les premières scènes, le spectateur se rend compte que les règles ont changé. Le protagoniste présenté devant ses yeux se révèle être en réalité un véritable anti-héros. En effet, le personnage joué par Clint Eastwood, transcendant dans cet opus et dont la carrière sera littéralement lancée grâce à ce rôle, n’a pas de nom, est un fin tireur et semble vouer son amour exclusivement aux billets de banque. Leone rappelle ainsi que le Far West américain se résume par la loi du plus fort, que ce soit par l’usage des colts ou de l'oseille, c’est de cette façon que s’est forgé le pays de l’Oncle Sam. De plus, le réalisateur ose s'émanciper des codes du western classique, à travers le personnage de “l’Homme sans nom” qui ne choisit jamais son camp. En effet, il erre d'une famille à l’autre dans le seul but de leur soutirer un maximum d’argent, en obtenant leur confiance et en leur divulguant toutes sortes d’informations concernant la partie adverse.

Alimenté et mis en avant par la somptueuse composition de Morricone qui privilégie la joviale mélodie d’un simple sifflement, le gaillard au Toscano reste impénétrable tout le long du film. Il s’amuse lui-même en jouant plusieurs rôles à la fois, et nous amuse de par ce subtil jeu de masques et son habitude à ne pas souvent ouvrir la bouche (sauf pour balancer une réplique qui tue de temps à autres). Il nous rappelle quelque peu le Lucky Luke de Morris dans le rôle du cavalier solitaire, as de la gâchette. Le croque-mort est là, lui aussi pour notre plus grand plaisir, se réjouissant du fait que sa petite entreprise tourne si bien après chaque gunfight.

Mais la nouveauté se trouve aussi dans la façon de filmer. La mise en scène et les plans choisis par le réalisateur transalpin pétillent à l’écran. Le réalisme, qu’il cherche à crédibiliser auprès du spectateur notamment en peignant sa fabuleuse fresque avec des acteurs paraissant sales, puants, transpirants et ayant la fameuse “gueule de l’emploi”, en devient terriblement authentique. Le maestro pose ici les bases de son western personnel, et prouve qu'avec une poignée de dollars on peut entrer dans la légende. Le mythe du Blondin vagabond était né.

1 commentaire:

  1. Leone change les règles et fit vieillir de 50 ans le cinéma américain.

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